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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND
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château en Espagne ? Serai-je quelque jour assise aux pieds de la belle et bonne Marie, sous le piano de Votre Excellence, ou sur quelque roche suisse, avec l’illustre docteur Ratissimo ?

Hélas ! je suis un pauvre diable bien misérable ! J’ai toujours vécu le nez en l’air, le nez dans les étoiles, tandis que le puits était à mes pieds, et qu’un tas de myrmidons crottés, criards, haineux je ne sais de quoi, en fureur je ne sais pourquoi, tâchaient de m’y faire rouler. Espérons !

Si vous ne partez qu’à la fin de juin, peut-être pourrai-je encore vous aller trouver et passer quelques jours avec vous ; après quoi, vous vous envolerez pour l’Italie, heureux oiseau à qui l’on n’arrache pas méchamment et cruellement les ailes ; et moi, plus éclopée et plus modeste, j’irai m’asseoir sur la rive de quelque petit lac de poche, pour y dormir le reste de la saison.

J’ai été à Paris passer un mois, j’y ai vu tous mes amis : Meyerbeer, sur qui j’écris assez longuement à l’heure qu’il est (j’adore les Huguenots) ; madame Jal[1], pour qui j’ai eu le bonheur de faire quelque chose ; votre mère, qui a eu la bonté de venir m’embrasser ; Henri Heine, qui tombe dans la monomanie du calembour, etc., etc. Je n’ai pas vu Jules Janin et je ne sais pas s’il a écrit contre moi. C’est vous qui me l’apprenez ; je n’irai pas aux informations. J’ai le

  1. Femme de lettres.