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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

j’ai l’honneur d’être, ô vertueux père de famille, votre fille et amie,

AURORE.

Casimir vous embrasse et vous prie de vous occuper de son affaire, je ne sais laquelle.


XXVIII

À MADAME MAURICE DUPIN, À PARIS


Bordeaux, 11 juin 1829.


Dites-moi donc, ma chère petite mère, ce que c’est que cette histoire de naufrage qui m’a frappée dans mon enfance et qui s’est passée, autant qu’il m’en souvient, aux lieux où je suis ? Je vous vois encore tout effrayée ; je me rappelle mon père se jetant à l’eau pour sauver son sabre, après nous avoir mises en sûreté ; puis les jurements des matelots ; puis l’eau qui entrait dans l’embarcation.

Veuillez me raconter tout cela, afin que je comprenne ce qui m’est arrivé et que je puisse me vanter d’avoir couru un fameux danger. Ce sera d’autant plus nécessaire à ma gloire, que, dans l’expédition que je viens de faire, je n’ai pas eu la satisfaction de la plus petite tempête.

Vous qui avez été partout, vous connaissez la tour de Cordouan, seule sur un rocher au milieu de la mer, vis-à-vis des côtes de la Saintonge et de la Gascogne. On prétend que c’est un voyage difficile et