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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

bouillage précédent. Depuis, il ne m’a pas été possible de le reprendre ; c’est à grand’peine que je m’y remets aujourd’hui. J’ai attrapé une sorte de refroidissement qui m’a fort maltraité les yeux. Je serai fort à plaindre si j’en suis réduite à me chauffer les pieds sans m’occuper ; c’est triste de n’y pas voir, de ne pouvoir regarder la couleur du ciel et le visage de ses enfants. Priez pour que cela ne m’arrive.

En attendant, je souffre beaucoup et ne puis vous dire qu’un mot : c’est que vous ne vous fâcherez pas j’espère, de tout ce qui précède, un peu sévèrement dit. N’y cherchez qu’une nouvelle preuve de mon amitié pour vous.

Vous viendrez nous voir quand vous aurez fini avec la maison Bertrand. Vous trouverez Maurice et Léontine lisant très bien, écrivant très mal, faisant du reste assez de progrès pour les petites choses que je leur enseigne peu à peu. Soulat[1] lit mal et écrit bien. Il oublie les principes que vous lui avez donnés, quoique nous le fassions lire tous les jours.

Vous m’aviez proposé de me laisser des tableaux pour les leur remettre sous les yeux, ce qui souvent est nécessaire. Vous l’avez ensuite oublié. Je me rappelle assez bien l’arrangement des principales règles. Mais j’ai les yeux et la tête si malades, que vous me rendrez service en me les faisant passer.

  1. Jacques Soulat, ancien grenadier de la garde impériale, paysan dans le village de Nohant.