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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

choses que je ne peux pas transporter de notre sphère à la voûte de l’immensité. Je parie que vous la savez à merveille, ou que, si vous voulez, vous la saurez dans huit jours.

Je suis désespérée du manque total d’intelligence que je découvre en moi pour une foule de choses, et précisément pour des choses que je meurs d’envie d’apprendre. Je suis venue à bout de bien connaître la carte céleste sans avoir recours à la sphère. Mais, quand je porte les yeux sur cette malheureuse boule peinte, et que je veux bien m’expliquer le grand mécanisme universel, je n’y comprends plus goutte. Je ne sais que des noms d’étoiles et de constellations. C’est toujours une très bonne chose pour le sens poétique.

On apprend à comprendre la beauté des astres par la comparaison. Aucune étoile ne ressemble à une autre quand on y fait bien attention. Je ne m’étais jamais doutée de cela avant cet été. Regardez, pour vous en convaincre, Antarès au sud, de neuf à dix heures du soir, et comparez-le avec Arcturus, que vous connaissez. Comparez Wega si blanche, si tranquille, toute la nuit, avec la Chèvre, qui s’élance dans le ciel vers minuit et qui est rouge, étincelante, brûlante en quelque sorte. À propos d’Antarès, qui est le cœur du Scorpion, regardez la courbe gracieuse de cette constellation ; il y a de quoi se prosterner. Regardez aussi, si vous avez de bons yeux, la blancheur des Pléiades et la délicatesse de leur petit groupe au point du jour, et