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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

toujours, à gribouiller. Quand je lève le nez, c’est pour apercevoir, à travers la lucarne de ma cellule, la lune qui brille au milieu de la pluie sur les orangers, et je n’en pense pas plus long qu’elle.

Adieu, chère bonne ; je suis heureuse, quand même la pluie, quand même l’Espagne, quand même le travail, mais non pas quand même votre absence.

J’embrasse votre Manoël. Amitiés à M. de Bonnechose, que j’aime, comme vous savez, de tout mon cœur, et mille bénédictions au cher Enrico.

Parlez-moi de tous nos amis ; je n’ai de nouvelles de personne, sauf de Grzymala.


CLXXXVIII

À M. DUTEIL, À LA CHÂTRE


De la chartreuse de Valdemosa, trois lieues de Palma,
île Majorque, 20 janvier 1839.


Cher Boutarin,

Tu ne m’écris donc pas ?

Peut-être m’écris-tu et que je ne reçois rien ; car j’ai l’agrément, ici, de voir la moitié de ma correspondance aller je ne sais où !

Je suis véritablement au bout du monde, quoiqu’à deux jours de mer de la France. Les temps sont si variables autour de notre île, et la civilisation, qui fait