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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

douleurs sont grandes et qu’il n’est au pouvoir de personne de les guérir. Mais, si vous sentez le besoin de les dire, aucune affection ne recevra vos épanchements avec plus de sollicitude que la mienne.

Où avez-vous pris que je pouvais vous blâmer ? et par où êtes-vous blâmable ? Je ne suis pas catholique, je ne suis pas du monde. Je ne comprends pas une femme sans amour et sans dévouement à ce qu’elle aime. Soyez aussi prudente que possible, pour que ce monde hypocrite et méchant ne vous fasse pas perdre l’extérieur et le nécessaire de l’existence matérielle.

Mais votre vie intérieure, nul n’a droit de vous en demander compte. Si je puis quelque chose pour vous aider à lutter contre les méchants, vous me le direz dans l’occasion, et vous me trouverez toujours. Bonsoir, amie ; parlez-moi de vous, de lui, de votre santé à tous deux. Ce que vous me faites pressentir me laisse dans un grand effroi. Est-il plus malade ? est-ce vous qui le seriez ?

Personne ici n’a su que vous étiez absente, je n’en ai rien dit. Je crois que, s’il y a eu et s’il y a encore des cancans, ils viennent de M. F…, qui écrit toutes les semaines et qui cause toujours, par ses lettres (je ne sais si elles contiennent des nouvelles ou des ragots), un notable changement dans l’humeur. Je ne connais ce monsieur que de vue ; mais je le crois écorché vif et toujours prêt à en vouloir à tout le monde de ses propres disgrâces. Ce caractère est peut-être plus digne de pitié que de blâme ; mais il fait bien du