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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

écouterons. Dites-nous où le droit finit, où le devoir commence, dites-nous quelle liberté aura l’individu et quelle autorité la société ? quelle sera la politique, quelle sera la famille, quelles seront les répartitions du travail et du salaire, quelle sera la forme de la propriété ? Discutez, examinez, posez, éclaircissez, émettez tous les principes, proclamez votre doctrine et votre foi sur tous ces points. Si vous possédez la vérité, nous serons à genoux devant vous. Si vous ne l’avez pas, mais que vous la cherchiez de bonne foi, nous vous estimerons et ne vous contredirons qu’avec le respect qu’on doit à ses frères.

Mais, quoi ! au lieu de chercher ces discussions dont les masses tiennent peut-être quelques solutions vagues (qui n’attendent pour s’éclaircir qu’un problème bien posé), au lieu de dire chaque jour au peuple les choses profondes qui doivent le faire méditer sur lui-même et de lui indiquer les principes d’où il tirera ses institutions, vous vous bornez à de vagues formules qui se contredisent les unes les autres et sur lesquelles vous ne voulez pas plus vous expliquer que des mages ou des oracles antiques ? vous vous bornez à une guerre âcre et sans goût, sans esprit, sans discussion approfondie avec certains hommes et certaines choses ? Il est possible qu’un journal de votre espèce soit nécessaire pour réveiller un peu la colère chez les mécontents et pour jeter quelque terreur dans l’âme des gouvernants ; mais ce n’est qu’un instrument grossier. Qu’il fonctionne donc ! Nous l’apprécions à sa juste