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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

continuel démenti à vos blasphèmes. De la part d’un méchant, elles ne m’eussent pas laissée aussi calme ; ou bien c’eût été le calme du mépris. Mais je me suis souvenue du noble et malheureux Alceste, et je vous ai simplement dit que vous étiez malade, en d’autres termes, misanthrope.

C’est donc bien offensant ? je ne le savais pas. Je me croyais autorisée à faire cette réflexion par l’espèce de dédain avec lequel vous débitiez vos hérésies à deux doigts de mon nez. J’ai eu la bêtise de croire que c’était de l’abandon de votre part ; mais ce n’était pas chez vous affaire de confiance et vous ne m’autorisiez pas, dites-vous, à vous plaindre. Eh bien ! mon vieux, je m’en abstiendrai devant vous, et, quand madame Marliani viendra me parler de vous, je la prierai de ne pas vous redire mon opinion sur votre maladie. Je ne sais pourquoi elle l’a fait, je ne l’y avais pas autorisée.

Je ne me souviens pas de ce que je lui ai écrit ; ce n’était pas une réponse à votre attaque, comme vous le pensez. Je ne croyais pas que vous l’eussiez chargée de me faire le reproche que j’ai repoussé. Quoi qu’elle vous ait répété de ma lettre, je ne crains pas qu’elle vous offense, à moins que vous ne soyez fou ; car je suis sûre de n’avoir jamais eu ni un mauvais sentiment, ni une mauvaise pensée à votre égard.

Maintenant, si vous continuez à m’en vouloir, tant pis pour vous ! vous manquerez à la raison et à la justice. Vous me donnez une leçon un peu rêche. Elle