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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

grandeur de l’individu. Il me semble que vous éparpillez parfois votre âme, ou du moins votre muse à tous les vents. Dans votre premier volume, vous aviez exprimé l’amour d’une manière si chaste et si touchante ! on voyait Désirée, la jeune et honnête fille du peuple, la vierge de votre choix ! Je vous en prie, supprimez Juana du prochain volume, et, si vous conservez ces vers :

....... J’aime toutes les femmes,
Parce que le Poète aime toutes les fleurs.

n’en faites pas du moins la devise de votre vie ; parce qu’il vous arriverait bientôt de n’aimer plus aucune femme et de ne plus sentir le parfum des fleurs.

Vous n’en êtes point là, Dieu merci ! vous aimez Désirée, vous la chantez encore, chantez-la toujours, et n’en chantez pas d’autres, maintenant qu’elle est à vous. On voit que vous l’aimez véritablement ; car les vers que vous mettez dans sa bouche sont les plus charmants de votre dernier envoi, au lieu que, dans ceux que vous m’avez envoyés sur une belle Espagnole, il y avait de l’affectation, des efforts, et point de feu véritable. Enfin, voulez-vous être un vrai poète, soyez un saint ! et, quand votre cœur sera sanctifié, vous verrez comme votre cerveau vous inspirera.

Je suis très contente de l’envoi que vous me faites par M. Paul Gaymard. Presque tout est bon, et il y a des choses vraiment belles.

Votre Sonnet est bien fait ; votre Enfant endormi,