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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

Je reçois ce matin une lettre de Delacroix. Il sera ici dans quinze jours, le 20 au plus tard. Ainsi tu n’as pas de temps à perdre pour revenir ; car tu auras besoin de te reposer un jour ou deux avant d’aller d’ici, avec le cabriolet, au-devant de ton patron. Tu savais bien que tu n’avais guère qu’une quinzaine de jours devant toi quand tu as entrepris ce voyage. Arrive donc de ton côté et fais provision d’ardeur pour le travail.

Songe à ne pas te laisser accaparer trop longtemps. Tu ne fais rien, tu t’habitues à ne rien faire, ce qui est pire. Donne pourtant à ton père le temps convenable et sois gentil avec lui. Montre-lui que je ne t’ai pas si mal élevé.

Je suis toute triste de ton absence. On ne vit pas pour soi, et on ne peut se passer de ceux qu’on aime. Personne cependant n’a plus de courage que moi pour se suffire comme on dit vulgairement. Mais se suffire n’est que tuer le temps et tromper la tristesse. La maison est bien grande sans toi, mon pauvre Bouli, et les soirées seraient bien longues si je ne me plongeais dans les bouquins.

Je suis dans la franc-maçonnerie jusqu’aux oreilles ; je ne sors pas du Kadosh, du Rose-Croix et du Sublime Écossais. Il va en résulter un roman des plus mystérieux. Je t’attends pour retrouver les origines de tout cela dans l’histoire d’Henri Martin, les templiers, etc.

Je reçois une lettre anonyme d’un Slave de la Moravie qui me remercie des réflexions que ma