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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND


CCXXXIII

AU MÊME


Nohant, 28 novembre 1843.


Cher mignon,

Encore une journée en sabots, et une soirée de chiffres. Je m’abrutis, mais je me porte bien. J’ai été dans les champs avec Denis Meillant par une chaleur du mois de mai ; j’avais une ombrelle et j’étais en nage. Ce n’est pas à Paris que vous avez un parieux temps. Après avoir recommencé l’examen et le devis des bergeries, étables, porcheries, et autres lieux plus ou moins parfumés, j’ai passé deux heures à faire retoiser les glacis de maître Prin. Nout p’tit monsieu, comme dit le père Lamouche, les avait bien fait toiser ; mais nout p’tit monsieu est un badaud qui n’y voit que du feu. Maître Prin, qui n’est point sot, lui en avait fait voir, tant le long de notre pré qu’à la métairie, dix-huit toises de plus qu’il n’y en a réellement. Il a fallu décompter. Maître Prin se grattait l’oreille. Diable ! dix-huit toises de mur, ça se voit pourtant, c’est assez long, ça ne se met pas dans la poche. Je me promets de me moquer un peu du p’tit monsieu, lequel m’a laissé sur une note de sa main ces dix-huit toises du mur bien et dûment at-