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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND


CCXXXIV

À M. CHARLES DUVERNET, À LA CHÂTRE


Nohant, 29 novembre 1843.


Certainement, mes amis, vous devez créer un journal. J’approuve grandement votre idée, et vous pouvez compter sur mon concours, 1o pour ma collaboration suivie, 2o pour ma part dans le cautionnement, 3o pour ma part de subvention annuelle, 4o pour le placement d’une cinquantaine d’exemplaires à Paris. Le chiffre de ces abonnements augmentera, j’espère, lorsque le journal aura paru.

Je regarde cet engagement comme un devoir, et j’espère que tous vos amis, tous les amis du pays s’emploieront ardemment à vous seconder. Outre toutes les bonnes raisons que vous faites valoir dans votre programme, il y a nécessité urgente à décentraliser Paris, moralement, intellectuellement et politiquement. La presse parisienne, absorbée par ses propres agitations, ou fatiguée de combattre sur une trop vaste arène, abandonne en quelque sorte la province à ses luttes intérieures. Et, quand la province s’abandonne elle-même, quand elle n’est pas représentée par un journal indépendant, elle est livrée, pieds et poings liés, à tous les abus de pouvoir de