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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

Voilà Michel élu ! Espérons, espérons pour la cause, pour lui aussi. La cause a besoin de sa force. Il a besoin, lui, du développement de sa force. — Il ne m’a pas écrit un mot de sa nomination, bien qu’il l’ait annoncée à tout le monde ici. — Je ne m’en plains pas. — Je lui reste dévouée en tant qu’il m’appellera et qu’il aura besoin de moi.

Oh ! que j’ai souffert, dans ma vie, mon pauvre frère ! Et toi, es-tu un peu calme ? En te sentant près de quitter la vie et en refaisant un nouveau bail avec elle, as-tu trouvé qu’elle valait plus ou moins que tu ne pensais ? Dis-moi cela. — Moi, j’ai eu un terrible duel avec moi-même, un combat gigantesque avec mon idéal. J’ai été bien blessée, bien brisée. — Je végète maintenant assez doucement. Je me fais l’effet d’un cyprès verdoyant sur un cadavre.

Mon Dieu ! mon Dieu ! que j’ai renfoncé de larmes, que j’ai étouffé de plaintes, que j’ai renfermé de maux ! Cela me ferait un bien infini de causer avec toi. Quand donc te verrai-je ?

Adieu, ami ! adieu, frère ! Aime-moi, écris-moi, viens à moi si tu peux, crois en moi.

GEORGE.