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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

généreux qui achèteront les cœurs par l’amnistie. Prenez cette couronne de la clémence ; celle-là, on ne la perd jamais.

Ah ! cher prince, on vous calomnie affreusement à toute heure, et ce n’est pas nous qui faisons cela. Pardon, pardon, de mon insistance ! qu’elle ne vous lasse pas ; ce n’est plus un cri de détresse seulement, c’est un cri d’affection, vous l’avez voulu. Mais, en attendant cette amnistie que vos véritables amis nous promettent, faites que votre générosité soit connue dans nos provinces ; connaissez ce que dit le peuple qui vous a proclamé : « Il voudrait être bon, mais il a de cruels serviteurs et il n’est pas le maître. Notre volonté est méconnue en lui, nous avons voulu qu’il fût tout puissant, et il ne l’est pas. »

Ce désaccord entre votre pensée et celle des fonctionnaires qui s’acharnent sur leur proie dans les provinces, jette la consternation dans tous les esprits ; on commence à croire le pouvoir encore faible en haut, en le voyant toujours si violent en bas. J’ose vous parler de mon département parce que là, par ma position, je suis beaucoup mieux renseignée que la police sur les actes de mon parti ; parce que je vois là une véritable guerre à la conscience intime, une révoltante persécution que vous ne savez pas et dont vous ne voulez pas.

On insulte, on tente d’avilir ; on exige des flatteries et des promesses de ceux qu’on élargit. Quel fond peut-on faire, hélas ! sur ceux qui mentent pour se