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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND


CCCLII

À M. ALPHONSE FLEURY, À LA CHÂTRE


Nohant, 5 avril 1852.


Mon ami,

Ta volonté soit faite ! Je n’insiste pas, et je ne t’en veux pas, puisque tu obéis à une conviction. Mais je la déplore en un sens, et je veux te dire lequel, afin que nous sachions nous comprendre à demi-mot désormais.

Le point culminant de ton raisonnement est celui-ci : Il faut de grandes expiations et de grands châtiments. La notion de droit ne peut renaître que par des actes terribles de justice.

En d’autres termes, c’est la dictature que tu crois légitime et possible entre nos mains, c’est la rigueur, c’est le châtiment, c’est la vengeance.

Je veux, je dois te dire que je me sépare entièrement de cette opinion et que je la crois faite pour justifier ce qui se passe aujourd’hui en France. Le gouvernement de tous a toujours été et sera toujours l’idéal et le but de ma conscience. Pour que tous soient initiés à leurs droits et à leurs propres intérêts, il faut du temps, il en faut cent fois plus que nous ne l’avions prévu en proclamant le principe souverain du