Restent la doctrine Fourier, la doctrine Blanqui, la doctrine Proudhon.
La doctrine de Fourier est tellement l’opposé de la doctrine de Leroux, qui en a fait la critique foudroyante, de main de maître, qu’il n’eût pas fallu les envelopper dans un vague anathème sur toutes les doctrines. Mais la doctrine de Fourier, elle-même, n’a pas produit tout le mal que Leroux combat en elle avec raison, et que vous lui reprochez à tort. Leroux a raison de nous révéler que, sous cette doctrine ésotérique, il y a un matérialisme immonde ; mais, si Leroux ne nous l’avait pas révélé, ce livre, écrit par énigmes, ne l’eût fait comprendre qu’à un petit nombre d’adeptes, et vous avez tort de dire qu’il a perdu la France, qui ne le connaît pas et ne le comprend pas.
La doctrine de Proudhon n’existe pas. Ce n’est pas une doctrine : c’est un tissu d’éblouissantes contradictions, de brillants paradoxes qui ne fera jamais école. Proudhon peut avoir des admirateurs, il n’aura jamais d’adeptes. Il a un talent de polémiste incontestable dans la politique ; aussi n’a-t-il de pouvoir, d’influence que sur ce terrain-là. Il a rendu des services très actifs à la cause de l’action dans son journal le Peuple ; il ne faut donc pas l’accuser d’impuissance et d’indifférence. Il est très militant, très passionné, très incisif, très éloquent, très utile dans le mouvement des émotions et des sentiments politiques ; hors de là, c’est un économiste savant, ingénieux, mais impuissant par l’isolement de ses conceptions, et isolé