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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND


CDXII

À M. CHARLES PONCY, À TOULON


Nohant, 15 août 1857.


Cher enfant,

Ne donnez jamais les lettres des défunts que l’on vous demande. Cela cache, en général, des spéculations. Celles qui sont honnêtes (comme les lettres de Lamennais recueillies assez religieusement par Old-Nick) n’aboutissent pas, et risquent, pour tout résultat, de vous priver de vos autographes qui s’égarent. Ces essais n’aboutissent pas, par la raison que les parents, héritiers, ou amis exécuteurs testamentaires, réclament le monopole de ces publications. C’est leur droit. Ils l’exercent tantôt par cupidité, tantôt par respect véritable pour la mémoire du défunt. En effet, si le défunt revenait, il ne serait pas toujours très content de voir publier entièrement des lettres qu’il n’a pas destinées au public. On est donc obligé de tronquer. Eh bien, cela n’est pas très facile. Les gens qui publient demandent, à ceux qui cèdent leurs lettres, d’avoir l’autographe entre les mains, se disant responsables de l’authenticité de ces lettres. Dès ce moment, vous êtes à leur discrétion. S’ils publient ce que vous ne voulez pas, à qui vous en prendrez-vous ?