Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 4.djvu/233

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
230
CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND


CDLXIX

À M. ET MADAME ERNEST PÉRIGOIS, À NICE


Tamaris, 20 février 1861.


Chers enfants,

Nous sommes arrivés et nous voilà même installés à une demi-heure (par mer) de Toulon, en deçà et non au delà, par conséquent loin d’Hyères, de Nice et de tout ce qui s’ensuit. Maurice, parti en fourrier, a trouvé Hyères fort prosaïque, plein de figures de malades ou d’Anglais, pas de chez soi, pas de solitude, rien aux alentours qui ne fût très cher ou très incommode. Enfin il s’est rabattu sur la rade de Toulon et il nous a trouvé, pour cinq cents francs (trois mois), les trois quarts d’une petite maison de campagne très bourgeoise, mais extrêmement propre, que le propriétaire, avoué à Toulon, n’habite pas en ce moment et ne loue jamais. C’est un homme charmant, qui est venu nous installer et qui est reparti ce matin. Nous sommes là depuis vingt-quatre heures, par un temps de chien, mais dans un site admirable, au bord de la grande mer, au pied des montagnes, et perchés nous-mêmes sur une colline couverte de pins superbes qui nous cachent entièrement, et qui encadrent les plus belles vues du monde. C’est une