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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

y a été et a découvert que c’était une jolie ville, plantée au beau milieu d’une plaine, loin de la mer, loin des montagnes, loin des bois ; une ville d’Anglais où il faut toujours être sur son trente-six, toutes choses qui ne pouvaient pas nous convenir. C’était le cas d’aller voir Saint-Pierre des Horts ; mais Maurice a calculé que, lors même qu’on nous rabattrait énormément sur le prix annoncé au prospectus, nous serions encore loin du compte. Il s’est informé néanmoins. Il a su qu’il était à peu près impossible de s’y nourrir sans avoir à son service des gens du pays, comme nous les avons pris ici. Or, ici, de la main de nos amis les Poncy, nous pouvions nous assurer de bonnes gens, aux habitudes en rapport avec nos moyens. Où trouver cela à Hyères, pays de haute exploitation ? et à qui demander de se charger pour nous de tous ces détails ?

Le Midi n’est pas si facile à habiter qu’il s’en vante. Ici même, à deux pas de tout, ça n’a pas été tout seul, et ça ne va pas encore à souhait. Depuis deux jours, il pleut, et, quand il pleut, personne ne bouge ; Bou-Maza lui-même ne veut pas sortir de son écurie. On peut donc mourir de faim chez soi, si on n’a pas pris ses précautions. Cela se conçoit quand on a vu ce que c’est que les pluies des pays chauds. Comme ils sont souvent à sec pendant six ou dix mois de suite et que pourtant il tombe dans le Var, calcul fait, autant d’eau que dans les autres départements français, tout crève à la fois, et, dans une minute, que l’on soit âne ou