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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND


CDLXXXI

À M. ALEXANDRE DUMAS FILS, À GENÈVE


Nohant, 8 juin 1861.


Cher enfant,

Je suis à Nohant depuis quelques heures. J’ai été absente quatre mois. J’ai couru la Provence et la Savoie ; la Savoie de Chambéry, un paradis ! Je me porte mieux que le Pont Neuf. Je suis brûlée du soleil comme une brique. Je trouve le Berry petit, maigre, laid, mais toujours si bonhomme ! Faut-il n’aimer que ce qui est orné, campé, fier et superbe ? J’aime aussi ma vieille maison, et, contente d’avoir trotté sur la crête des montagnes, je suis aise de revoir mon pays plat et mes grands horizons bleus.

Voilà mon bulletin. Maurice s’est ennuyé, à Tamaris, de voir toujours la mer sans la franchir. Il s’est envolé pour un mois en Afrique. J’ai de ses nouvelles, il est enthousiasmé. Je l’attends pourtant bientôt.

Parlons de vous. J’ai reçu votre bonne longue lettre à Tamaris (près Toulon), et, de là, je vous ai répondu ; vous n’avez donc pas reçu ? Vous me disiez d’écrire à Gênes. J’ai écrit à Gênes, et vous êtes sans doute déjà beaucoup plus loin. Vous me parlez moins de votre