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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

l’ai baisée avec respect, cette lettre qui me confirmait dans mon sentiment intime et profond de la patrie. Gardons-le, ce sentiment ; défendons-le contre la hideuse joie d’une partie de notre parti. Rappelons-nous que l’on a tué la République en disant : « Tout ! les Cosaques même, plutôt que le socialisme ! » Affrontons avec courage ceux qui disent aujourd’hui : « Tout ! les Cosaques mêmes, plutôt que l’Empire. » Et, si l’on nous dit que nous trahissons notre foi, tenez, rions-en, il n’y a pas autre chose à faire ! — Mais, si vous ne pouvez pas en rire, vous dont le noble cœur a tant saigné, acceptez ceci comme un martyre de plus. Dieu vous rendra un jour la justice que vous refusent les hommes.

J’attends avec impatience un mot de vous ; si vous aviez vu comme Maurice était rayonnant en m’apportant cette nouvelle, ce matin, à mon réveil ! Quelle joie dans la maison, même pour ceux qui ne vous connaissent pas !

Si vous n’avez pas le temps d’écrire, faites-moi donner avis de ce que vous faites, par quelque ami.

GEORGE SAND.