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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

un souffle de liberté religieuse qui unit un certain nombre d’esprits sérieux. Je voudrais savoir si notre enfant aura dans la vie une véritable famille à laquelle il n’aura peut-être jamais ni le désir ni l’occasion de s’identifier, — car il faut prévoir l’âge où il ne voudrait suivre aucun culte, et là s’arrêtera aussi l’autorité de la famille naturelle, — mais de laquelle il pourrait dire avec fierté qu’il a été l’élève et le citoyen. Nos petites Églises détachées du catholicisme, comme celle de l’abbé Châtel, par exemple, ont toujours eu un caractère mesquin ou impuissant. Celle que vous proclamez se rattache à une conception large du christianisme et ne présente pas ces pauvretés. Mais où est-elle, cette Église ? Est-elle maudite par l’intolérance protestante ? Lui refuse-t-on son titre religieux ? Se rattache-t-elle à des nuances qui l’aident à se constituer comme une communauté importante offrant un ensemble de vues, d’aspirations et d’efforts ?

Pardonnez-moi mon griffonnage, je ne sais pas recopier et j’aime mieux vous envoyer ma première impression illisible et informe. Vous me comprendrez par le cœur, qui sait tout déchiffrer.

Je vous demande le secret jusqu’à ce que nous ayons vidé la question, et vous prie de croire, monsieur, quelle qu’en soit l’issue, à mes sentiments de fraternité véritable et profonde.

GEORGE SAND.