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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

Merci mille fois ! je fais des vœux bien tendres et bien sincères pour votre chère petite. Ma fille vous remercie aussi.

GEORGE SAND.


CCCLXXXV

À M. ÉDOUARD CHARTON, À PARIS


Nohant, 14 février 1855.


Cher ami,

Je vous ai laissé souffrant. Êtes-vous mieux ? Parlez-moi de vous. Il y a bien longtemps que je veux vous écrire. J’allais vous adresser une longue lettre sur le beau livre dont nous parlions ensemble. Je l’avais lu[1]. Mais que de chagrins m’ont frappée tout à coup ! d’abord j’ai perdu deux de mes amis, et faut-il être assez malheureux pour avoir à le dire, cela n’était rien ! J’ai perdu subitement cette petite-fille que j’adorais, ma Jeanne dont je vous avais parlé et dont l’absence, vous le savez, m’était si cruelle. J’allais la ravoir, le tribunal me l’avait confiée. Le père résistait par amour-propre : sans M. B…, qu’une haine sournoise, instinctive, non motivée sur des faits que je sache, mais ancienne et tenace, excitait contre

  1. Terre et Ciel, par Jean Reynaud.