Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 5.djvu/119

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tie de nous en contenter, et ne prêchons pas l’abstrait et le concret à tort et à travers ; car c’est encore ça des mots, mon petit, des mots dont on rira dans cinq cents ans au plus tôt ou au plus tard !

Il n’y a pas plus d’abstrait que de concret et pas plus de concret que d’abstrait, c’est moi qui vous le dis. Ce sont des termes de convention qui ne portent sur rien et qu’on mettra au panier avec tout le vocabulaire de la métaphysique, excellent dans le passé, inconciliable aujourd’hui avec la vraie notion des choses humaines et divines.

Vous êtes un noble cœur et une heureuse intelligence ; mais changez-moi le procédé de démonstration. Il ne vaut rien. Dites à vos petits enfants : Je crois, parce que j’aime. — C’est bien assez. Tout le reste leur gâtera la cervelle. Laissez-les chercher eux-mêmes, et songez que déjà, appartenant à l’avenir, ils sont virtuellement plus forts et plus éclairés que nous.

Et, là-dessus, je vous embrasse et vous aime de tout mon cœur.