Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 5.djvu/140

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catholique ait passé, rasant les monuments du vieux monde et semant les poux de l’avenir.

Vous dites nous, à propos de la féerie : je ne sais pas avec qui vous l’avez faite, mais je me figure toujours que cela devrait aller à l’Odéon actuel. Si je la connaissais, je saurais bien faire pour vous ce qu’on ne sait jamais faire pour soi-même, monter la tête aux directeurs. Une chose de vous doit être trop originale pour être comprise par ce gros Dumaine. Ayez donc une copie chez vous, et, le mois prochain, j’irai passer une journée avec vous, pour que vous me la lisiez. C’est si près de Palaiseau, le Croisset ! — et je suis dans une phase d’activité tranquille où j’aimerais bien à voir couler votre grand fleuve et à rêvasser dans votre verger, tranquille lui-même, tout en haut de la falaise. Mais je bavarde, et tu es en train de travailler. Il faut pardonner cette intempérance anormale à quelqu’un qui vient de voir des pierres, et qui n’a pas seulement aperçu une plume depuis douze jours.

Vous êtes ma première visite aux vivants, au sortir d’un ensevelissement complet de mon pauvre mot. Vivez ! voilà mon oremus et ma bénédiction. Et je t’embrasse de tout mon cœur.

G. SAND.