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DCXLIX

À GUSTAVE FLAUBERT, À CROISSET


Nohant, 10 septembre 1867.


Cher vieux,

Je suis inquiète de n’avoir pas de tes nouvelles depuis cette indisposition dont tu me parlais. Es-tu guéri ? Oui, nous irons voir les galets et les falaises, le mois prochain, si tu veux, si le cœur t’en dit. Le roman galope ; mais je le saupoudrerai de couleur locale après coup.

En attendant, je suis encore ici, fourrée jusqu’au menton dans la rivière tous les jours, et reprenant mes forces tout à fait dans ce ruisseau froid et ombragé que j’adore, et où j’ai passé tant d’heures de ma vie à me refaire après les trop longues séances en tête-à-tête avec l’encrier. Je serai définitivement le 16 à Paris ; le 17 à une heure, je pars pour Rouen et Jumièges, où m’attend, chez M. Lepel-Cointet, propriétaire, mon amie madame Lebarbier de Tinan ; j’y resterai le 18 pour revenir à Paris le 19. Passerai-je si près de toi sans t’embrasser ? J’en serai malade d’envie ; mais je suis si absolument forcée de passer la soirée du 19 à Paris, que je ne sais pas si j’aurai le temps. Tu me le diras. Je peux recevoir un mot de