Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 5.djvu/247

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L’avenir changera-t-il cet heureux et aimable tempérament ? on ne sait pas ! Il y a bien une question de santé au fond de tout ; mais les organisations donnent-elles leur premier mot pour le reprendre ? Qu’en penses-tu, toi qui dois te préoccuper aussi beaucoup de ces questions-là ?

Tu ne nous parles guère de toi. Les choses vont-elles à ton souhait ? Je sais bien que, dans la famille, vous n’avez que bonheur et affection. Mais le dehors se comporte-t-il bien, et recueilles-tu le fruit de tes peines et de ses mérites ?

Je ne peux te rien dire de ce que l’avenir promet à la grande famille du genre humain. Tout y va si mal, qu’on ne peut craindre rien de pire ; mais se réveillera-t-on de l’insouciance avec laquelle on semble accepter tout ? Je n’y comprends goutte. On a fait des révolutions pour la centième partie de ce que l’on supporte à présent !

Je t’embrasse tendrement, ma bonne mignonne, ainsi que ton père et ta mère et les chers absents. Nous avons eu ici jusqu’à dix-sept degrés de froid.

Aurore ne sortait pas et n’en a pas souffert. Je pense que Berthe n’y a guère songé. Les enfants ont l’air de ne pas s’apercevoir de ce qui nous éprouve tant.

Bon courage et bonne année !

G. SAND.