Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 5.djvu/264

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que je me réservais, et puis un déménagement à faire à la vapeur, et, après tout cela, un peu de fatigue, et le besoin d’aller revoir ma marmaille chérie. À présent, voilà un gros travail à faire, trois mois sans désemparer. Ce ne sera donc qu’au mois de septembre que je puis espérer un peu de liberté. Allez donc aux eaux, si vous n’y êtes déjà… Moi, j’ai pesté un peu d’être à Paris durant ce radieux mois de mai. Mais j’étais inquiète, et je tenais à assister une jeune femme qui, en d’autres temps, m’a donné des soins dévoués. C’est la femme de mon petit ami Lambert, que vous connaissez, le peintre d’animaux. Il a beaucoup de talent à présent, et une compagne incomparable, et même un petit enfant venu par miracle, et très joli.

Mais rien n’est si joli que ma petite Aurore, elle est aimable et intelligente comme était votre Claudie à son âge. L’autre fillette grossit comme un petit champignon, et Bouli (qu’on appelle toujours Bouli), est heureux en ménage comme pas un. Il est toujours passionné pour l’histoire naturelle. Nous avons chez nous Micro, un ami dont Pauline se souvient peut-être, le frère maigre, doux, hérissé, fantastique de notre vieille Élisa Tourangin. Il est absolument le même qu’autrefois, et, comme autrefois, il passe ses journées à analyser l’aile d’un papillon ou la capsule d’une plante. La toquade botanique a bien aussi passé pas mal en moi, et, à propos d’histoire naturelle, j’ai bien lu et commenté tout ce qui s’écrit pour prouver