Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 6.djvu/116

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que la gouvernante eût tout intérêt à prolonger les jours du valétudinaire. Autrement, il eût été bien à plaindre.

Nous nous portons tous bien ; nos enfants sont superbes ; voilà tout le bonheur dont on puisse se vanter à l’heure qu’il est. Nous vous embrassons de tous nos cœurs.

G. SAND.


DCCCI

À M. JULES BOUCOIRAN,
DIRECTEUR DU COURRIER DU GARD, À NÎMES


Nohant, 6 avril 1871.


Mon bon ami,

Je suis touchée du bon souvenir de vos chers et bons jeunes gens. J’aurais voulu les garder davantage ou les revoir. Mais tout est comme les feuilles que le vent promène au hasard, dans ce temps étrange, inouï, incompréhensible ! Quel sera le dénouement ? On ne peut le savoir. La République est si divisée ! Pour le moment, les exaltés agonisent. Mais les raisonnables ont des passions aussi et ne tarderont pas à se déchirer entre eux. Pauvre France ! faut-il qu’elle rétrograde en même temps qu’elle est vaincue ? La guerre démoralise l’homme. Le peuple a vu les Allemands pil-