d’autres également mécontents du droit que s’arroge la Revue, de refuser, de changer, de couper ceci et cela, de faire passer tous les esprits sous le même gaufrier, enfin de rendre les relations insupportables à quiconque se respecte et tient à être soi ? J’ai pu, pendant les dix ans qui viennent de s’écouler, me défendre et me préserver jusqu’à un certain point. Je n’avais affaire qu’à Buloz, qui, au fond de ses apparences bourrues, a toujours eu le goût assez artiste et un certain respect de l’individualité. À présent, je suppose qu’il est hors d’état de gouverner sa barque ; car il ne répond plus aux lettres qu’on lui écrit, et son nom n’est jamais prononcé dans les réponses que fait sa femme.
Celle-ci est intelligente et bonne ; mais il est évident qu’elle ne peut prendre et ne prend pas la direction, elle n’est qu’une intermédiaire entre moi et la direction. Or cette direction, c’est l’inconnu, et il ne me plaît pas d’avoir affaire à l’inconnu. À la manière embarrassée et vague dont elle me traduit les oracles, je vois qu’une cuistrerie bien conditionnée plane sur la chose et que nul n’aura de sens et de talent que le pouvoir occulte et ses amis.
Il y a longtemps que je me sens gênante pour les critiques de la Revue. Ils ne voulaient pas que je fisse ma critique à mon point de vue, et peut-être trouvaient-ils que j’usurpais leur droit en ayant une opinion à moi sur vous, sur Hugo, sur tout ce qui me frappait et me commandait de dire mon impression. Ils me laissaient le domaine du roman, non sans