badour ; il faut nous résigner à être bernés par les aubergistes. La vie est faite comme cela, et qui ne veut pas être trompé, doit aller au désert. Ce n’est pas vivre que de s’abstenir de tout le mal de ce bas monde. Il faut avaler l’amer et le sucré.
Pour ton Saint Antoine, si tu me le permets, à mon premier voyage à Paris, j’aviserai à te trouver un éditeur ou une revue ; mais il faudrait en causer ensemble et m’en lire. Pourquoi ne viendrais-tu pas chez nous au mois de septembre ! J’y serai jusqu’à l’hiver.
Tu me demandes ce que je fais maintenant : j’ai fait, depuis Paris, un article sur Mademoiselle Flauguergues, qui paraîtra dans l’Opinion nationale avec un travail de ladite ; un feuilleton pour le Temps sur Victor Hugo, Bouilhet, Leconte de Lisle et Pauline Viardot. Je désire que tu sois content de ce que je dis de ton ami. J’ai fait un second conte fantastique pour la Revue des Deux Mondes, un conte pour les enfants. J’ai écrit une centaine de lettres, la plupart pour réparer les sottises ou alléger la misère des imbéciles de ma connaissance. La paresse est la lèpre de ce temps-ci, et la vie se passe à travailler pour ceux qui ne travaillent pas.
Je ne me plains pas, je me porte bien ! Je plonge tous les jours dans l’Indre et dans sa cascade glacée mes soixante-huit ans. Quand je ne serai plus utile et agréable aux autres ; je désire m’en aller tranquillement sans dire ouf ! ou, tout au moins, en ne disant que cela contre la pauvre espèce humaine, qui ne vaut