Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 6.djvu/234

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je crois que, sans subvention, l’Odéon ne sera pas en état de bien monter une pièce littéraire comme celle d’Aïssé, et qu’il ne faut pas la compromettre avec des massacres. Il faut attendre et voir venir. Quant à la société Berton, je n’ai pas de ses nouvelles ; elle court la province, et ceux qui la composent ne seront pas repris par Chilly, qui est furieux contre eux.

L’Odéon a laissé partir Reynard, un artiste de premier ordre, que Montigny a eu l’esprit d’engager. Il ne reste vraiment à l’Odéon personne que je sache. Pourquoi ne songes-tu pas au Théâtre-Français ?

Où est la princesse Mathilde ? À Enghien ou à Paris, ou en Angleterre ? Je t’envoie un mot que tu mettras dans la première lettre que tu auras à lui écrire.

Je ne peux pas aller te voir, cher vieux, et pourtant j’avais bien mérité une de ces heureuses vacances ; mais je ne peux pas quitter le home, pour toute sorte de raisons trop longues à dire, et de nul intérêt, mais inflexibles. Je ne sais même pas si j’irai à Paris cet hiver. Me voilà si vieille ! Je me figure que je ne peux qu’ennuyer les autres et qu’on ne peut me tolérer que chez moi. Il faudra absolument, puisque tu comptes y aller cet hiver, que tu viennes me voir ici avec Tourguenef ; prépare-le à cet enlèvement. Je t’embrasse comme je t’aime, et mon monde aussi.