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CMXIV

À GUSTAVE FLAUBERT, À LUCERNE


Nohant, 6 juillet 1874.
(Hier soixante-dix ans.)


J’ai été à Paris du 30 mai au 10 juin, tu n’y étais pas. Depuis mon retour ici, je suis malade, grippée, rhumatisée et souvent privée absolument de l’usage du bras droit. Je n’ai pas le courage de garder le lit : je passe la soirée avec mes enfants et j’oublie mes petites misères, qui passeront ; tout passe. Voilà pourquoi je n’ai pu t’écrire, même pour te remercier de la bonne lettre que tu m’as écrite à propos de mon roman. À Paris, j’ai été surmenée de fatigue. Voilà que je vieillis et que je commence à le sentir ; je ne suis pas plus souvent malade, mais la maladie me met plus à bas. Çà ne fait rien, je n’ai pas le droit de me plaindre, étant bien aimée et bien soignée dans mon nid. Je pousse Maurice à courir sans moi, puisque la force me manque pour l’accompagner. Il part demain pour le Cantal avec un domestique, une tente, une lampe et quantité d’ustensiles pour examiner les micros de sa circonscription entomologique. Je lui dis que tu t’ennuies sur le Righi. Il n’y comprend rien.