finance ? Je n’en sais rien, moi je suis liée avec Victor Borie. Faut-il lui écrire ?
Tu vas donc te remettre à la pioche ? Moi aussi car, depuis Flamarande, je n’ai rien fait que peloter en attendant partie. J’ai été si malade tout l’été ! Mais mon bizarre et excellent ami Favre m’a guérie merveilleusement, et je renouvelle mon bail.
Que ferons-nous ? Toi, à coup sûr, tu vas faire de la désolation et moi de la consolation. Je ne sais à quoi tiennent nos destinées ; tu les regardes passer, tu les critiques, tu t’abstiens littérairement de les apprécier, tu te bornes à les peindre en cachant ton sentiment personnel avec grand soin, par système. Pourtant on le voit bien à travers ton récit, et tu rends plus tristes les gens qui te lisent. Moi, je voudrais les rendre moins malheureux. Je ne puis oublier que ma victoire personnelle sur le désespoir a été l’ouvrage de ma volonté et d’une nouvelle manière de comprendre qui est tout l’opposé de celle que j’avais autrefois.
Je sais que tu blâmes l’intervention de la doctrine personnelle dans la littérature. As-tu raison ? n’est-ce pas plutôt manque de conviction que principe d’esthétique ? On ne peut pas avoir une philosophie dans l’âme sans qu’elle se fasse jour. Je n’ai pas de conseils littéraires à te donner, je n’ai pas de jugement à formuler sur les écrivains tes amis dont tu me parles. J’ai dit moi-même aux Goncourt toute ma pensée ; quant aux autres, je crois fermement qu’ils ont plus d’étude et de talent que moi. Seulement, je crois qu’il