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CMLII

À M. MAURICE-PAUL ALBERT, À PARIS


Nohant, 3 janvier 1876.


Mon cher enfant,

Ta lettre m’est bien douce et bien chère ; l’amitié que tu me témoignes est bien partagée, je t’assure ; car, dès le jour où ta grand’mère t’a mis sur mes genoux en me disant : « Voilà votre nouveau Maurice ! » je t’ai adopté, non seulement par amitié pour elle, mais encore par sympathie pour toi. Ta figure me revenait, comme on dit, et, depuis, tu as tenu les promesses de ta physionomie : tu as été laborieux, raisonnable et aimant. Je ne pourrai pas t’accompagner bien longtemps dans la vie, me voilà bien vieille ; mais mon souvenir te restera, et rien n’est plus sain et plus fortifiant qu’un souvenir tendre et solide.

Tu as des parents tels que tu aurais pu les demander à Dieu s’il t’avait consulté. Tu as donc en eux et en toi l’avenir de bonheur que je te souhaite en t’embrassant de tout mon cœur, ainsi que mes enfants et petits-enfants, que j’adore et qui me gâtent comme toujours.

G. SAND.