point en république du tout : nous acceptons une dictature très rude, et, les Prussiens aidant, nous subissons le régime du fait dans toute sa rigueur. — Moi, je me demande si une dictature, quelle qu’elle soit, nous conduira à la science de la liberté.
Le malheur nous retrempera certainement, nous serons moins frivoles, moins sceptiques, moins aimables et probablement moins égoïstes ; mais, éclairés d’une notion républicaine raisonnée, solide, durable, le serons-nous ? Tant que nous serons menés, bien ou mal, dans nos crises, par un individu de rencontre, qu’il soit empereur ou avocat, ce sera toujours le culte ou la haine de l’individu qui décidera de l’opinion. D’autre part, les assemblées sont lentes et discoureuses, s’amusant toujours à la moutarde quand la cuisine brûle.
Ah ! croyez que j’ai hâte de voir éclore un essai de gouvernement régulier ! Il faut bien que nous acceptions ce qui est, et que le patriotisme fasse taire mes scrupules, à moi qui tiens, depuis que j’existe, au suffrage universel, quelque ignorant qu’il soit encore ; mais ce que vous dites est bien possible : il se peut très bien que cet essai échoue et qu’on appelle bientôt les d’Orléans. Alors ce serait toujours le même cercle vicieux pendant une vingtaine d’années !
Et alors que faudra-t-il penser de la France ! Il faut se réfugier dans la foi au progrès universel, qui, en dépit des événements malheureux, des erreurs commises, des défauts inhérents à la nature des nations,