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Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 6.djvu/63

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DCCLXXV

À M. CHARLES PONCY, À TOULON


Nohant, 8 janvier 1871.


Ne nous décourageons pas trop, mes enfants. Souhaitons-nous quand même une meilleure année. Notre honneur s’est bien relevé. Paris est admirable, et, ailleurs, nos troupes tiennent mieux et supportent héroïquement l’horrible hiver. Quelle douleur de songer à tous les maux que ces pauvres enfants endurent ! Et tant de morts, de malades et de blessés ! Nous payons cher l’Empire. Pourvu que nous n’y retombions pas !

Nous sommes toujours à Nohant, bloqués par le froid et la neige, et par l’impossibilité de voyager, puisque les chemins de fer ne fonctionnent plus que pour l’armée. Si l’ennemi, qui nous a menacés plusieurs fois de bien près, revient sur nous, nous serons forcés de nous en aller à petites journées. Ce sera dur pour nos enfants dans cette saison, et Dieu sait si les chemins sont praticables aux voitures.

Et puis où irons-nous ? Si la peste noire, qui nous a dernièrement chassés de chez nous, sévit à Toulon, nous n’irons pas là. Et puis encore, avec quel argent voyagera-t-on, puisque la campagne ne rapporte plus rien et qu’on ne peut ravitailler sa maigre bourse à