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Merci encore pour la maison. Je ne dis pas non, s’il y a lieu. Près de vous autres, nous serons moins malheureux qu’ailleurs.

G. SAND.


DCCLXXX

À M. HENRY HARRISSE, À PARIS


Nohant, dimanche 29 janvier 1871.


Cher ami,

Quelle joie nous apporte votre lettre si bien détaillée, si intéressante, et qui nous rassure autant que possible sur tous ceux que nous aimons ! Nous restons pourtant inquiets de Marchal, qui m’a écrit le 17, à la veille de la sortie dont il devait être. Je suis étonnée aussi que ni vous ni Plauchut ne m’ayez parlé de ma pauvre Martine (ma bonne) qui demeure rue Gay-Lussac dans le haut de ma maison et qui eût pu être blessée. Et, depuis votre lettre, il a pu se passer tant de choses ! On se rassure à peine sur ses amis ; car on se demande ce qui a pu leur arriver le lendemain du jour où ils ont écrit. On est heureux de tenir et de relire cent fois un mot de leur main, et puis l’inquiétude et la douleur recommencent. On ne dort pas, on mange à regret, on souffre moralement, par l’imagination, tout ce qu’ils souffrent matériellement. Que