Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 6.djvu/74

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du siège à s’installer, ne montrant d’autre préoccupation sérieuse que d’avoir des hommes à lui, honnêtes ou non, peu lui importe. Il brise ceux qui osent avoir un avis. Il procède à la manière de l’Empire, et plus brutalement, avec scandale. Et la France a subi cette dictature avec une patience héroïque, et elle sera calomniée aussi par ce parti incapable et outrecuidant, elle qui a tout donné, hommes et argent, quelle que fût l’opinion personnelle, pour défendre l’honneur national. Jusqu’à cette heure, rien n’a servi, tout a été désastre. Où donc est la raison d’être de cette dictature ? À l’heure qu’il est, tout vaut mieux que sa durée.

Voilà mon sentiment. Je ne demande pas mieux que d’être injuste et de me tromper. Je ne puis juger que par les faits accomplis ; mais par quoi juger si ce n’est par le résultat, quand on a été témoin de tout ce qui devait l’amener ? J’ai applaudi des deux mains au commencement ; tous les sacrifices me paraissaient doux, j’avais l’espoir en Gambetta et la foi en la France.

Chère France ! plus que jamais, elle est grande, bonne surtout, patiente, facile à gouverner, et, rendons justice à nos adversaires politiques, ils ont presque tous fait leur devoir. Qu’on ne vienne pas dire, pour sauver la gloire de la Délégation, qu’on ne pouvait pas mieux faire et que l’esprit public a été mauvais. Ce sera un infâme mensonge contre lequel je protesterai de tout mon pouvoir et de toute