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L’agriculture périt, la famine menace, la misère couve en attendant qu’elle se change en Jacquerie ; mais nous battrons les Prussiens. Malbrough s’en va-t-en guerre !

Tu disais avec raison que, pour travailler, il fallait une certaine allégresse ; où la trouver par ce temps maudit ?

Heureusement, nous n’avons personne de malade à la maison. Quand je vois Maurice et Lina agir, Aurore et Gabrielle jouer, je n’ose pas me plaindre, de craindre de perdre tout.

Je t’aime, mon cher vieux, nous t’aimons tous.


DCCXL

À MADEMOISELLE LEROYER DE CHANTEPIE,
À ANGERS


Nohant, 30 juillet 1870.


Je plains toutes vos douleurs, je ne vous dis pas les miennes ; je n’en ai pas le droit, puisque j’ai une famille et le bonheur domestique, qui compense les pertes les plus cruelles. J’ai pourtant perdu des petits-enfants, et ce que j’ai souffert alors est atroce, parce qu’on a à supporter un double déchirement, celui de ses enfants et le sien propre. On en triomphe, tant qu’il en reste ou qu’il en revient.