Voyons, d’où vient cette agitation… cette pâleur de ma nièce… la vôtre, Alvise ?
Mon père, empêchez-le de sortir ce soir.
Mon père, je dois sortir, et je sortirai. Restez ici, vous ; vous avez sans doute une confession à entendre. (Avec amertume.) L’effroi que montre madame me prouve assez que vous ne connaissez pas bien les secrets de sa conscience.
Eh bien, oui, j’ai une confession à faire ; mais je la ferai devant vous, Alvise, et vous resterez pour l’entendre.
Non, Cosima ! je ne veux rien entendre. Pardonne-moi un instant d’amertume. Tu n’as rien à confesser ; je n’ai aucun reproche à te faire. Tais-toi !… oh ! tais-toi !… Mon père, ne lui demandez rien. C’est une âme pure !… une âme généreuse… Elle souffre, et voilà tout !
Oh ! Alvise !…
Et moi aussi, je souffre ;… mais je l’aime… (Haut.) Allons, rassure-toi. Je suis tranquille. Je reviendrai dans une heure. (Cosima s’attache à lui.) Eh bien, qu’y a-t-il donc ? Pourquoi donc voulez-vous m’empêcher de sortir ? Encore une fois, madame, je ne vous comprends pas.
Je sais tout ! Vous allez vous battre !
Vous battre, grand Dieu !
Oui, oui, mon oncle ! il va se battre. Vous le savez maintenant : c’est à vous de l’en empêcher… Oh ! vous l’empêcherez !