Page:Sand - Cosima.djvu/120

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ORDONIO.

Notre amour s’est changé en haine, madame. C’en est assez ! Oh ! je vois bien que votre but est de gagner du temps. Sachez bien que vous ne m’avez pas joué ! L’heure n’est pas passée, j’ai encore le temps de conserver l’estime des hommes et de braver l’astuce des femmes ! Vous ne pouvez vous résoudre à être sincère ? Vous ne me connaissez pas ! (Elle s’attache à lui.) Arrière !… Votre mari attend !

COSIMA, montrant la pendule, qui marque une heure du matin.

Il ne vous attend plus ! il est trop tard !

ORDONIO.

Vous vous trompez, madame ! Écoutez ! cette pendule avance d’une heure.

L’horloge du palais ducal sonne minuit dans le lointain.

COSIMA, s’élançant vers Ordonio avec désespoir et le retenant.

Eh bien !…

Ordonio l’entraîne d’un pas vers le boudoir. Aussitôt paraissent le duc, Alvise, Néri, le chanoine et le Barigel.




Scène VI


ORDONIO, COSIMA, LE DUC, ALVISE, NÉRI, LE CHANOINE, LE BARIGEL.

Au moment où Ordonio va franchir la porte de droite qui conduit au boudoir, le duc en sort, ayant Alvise à sa gauche et Néri à sa droite. Derrière eux viennent le chanoine et le barigel. Ordonio abandonne Cosima.

ALVISE, s’élançant vers Ordonio l’épée à la main.

Infâme ! c’est ta dernière heure qui sonne !

Ordonio veut se défendre. À l’instant même, Néri et les autres personnages se jettent entre eux. Le duc abaisse la pointe de l’épée d’Alvise avec la sienne. Cosima se précipite au cou de son mari.

LE DUC.

Vous êtes bien hardis, messieurs, de tirer l’épée en ma présence ! Est-ce ainsi, messire Alvise, que vous reconnaissez ma protection et que vous respectez mon droit de grâce ?