Page:Sand - Cosima.djvu/15

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insensés. Il t’a créée pour vivre et non pour languir, pour céder et non pour vaincre. Je sens en moi une force supérieure à toutes les menaces de la religion, à toutes les terreurs de l’enfer ! (Néri reparaît au fond, et, un instant après, le chanoine le suit.) Les voici. Où me cacherai-je ? (Regardant le confessionnal.) Eh ! où donc mieux ? Ah ! jeune femme, tu parleras bien bas si les secrets de ton cœur échappent à l’oreille d’un amant !

Il se cache derrière le confessionnal.




Scène III


Les Mêmes, NÉRI, LE CHANOINE.


NÉRI, à Cosima.

Voici votre oncle. Je m’éloigne pour ne pas gêner vos confidences. Je vous attendrai au pied de la chaire.

COSIMA.

C’est bien ! merci, mon ami ; que Dieu récompense ton zèle et ton amitié pour moi !

Néri s’éloigne et va s’agenouiller sous la chaire qu’on aperçoit au fond. Le chanoine s’avance, Cosima se lève, et tous deux s’approchent du second confessionnal.

LE CHANOINE.

Vous m’avez fait demander, ma chère nièce. Vous entendrai-je en confession ?

COSIMA.

Oui et non, mon bon père. Je ne suis pas préparée dignement au sacrement de pénitence ;… mon âme est trop agitée… Je ne mérite pas l’absolution. Pourtant j’ai des choses bien secrètes à vous dire.

LE CHANOINE.

Eh bien, nous entrerons au confessionnal ; et, là, sans aucune solennité, nous causerons comme deux amis. (Cosima s’agenouille au confessionnal, tandis que le chanoine s’assied.) Eh bien, mon enfant, d’où vient ton inquiétude ? Ton âme fut toujours pure, et les chaînes du péché te sont légères. Parle,