Page:Sand - Cosima.djvu/33

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COSIMA.

Je ne sais pas seulement ce que cela peut être. Donnez.

NÉRI, regardant toujours la lettre.

Vous voulez la lire ?

COSIMA.

En quoi cela vous intéresse-t-il ?

NÉRI.

Mais vous-même, cette lettre d’une main inconnue ne peut pas vous intéresser beaucoup. Peut-être vaudrait-il mieux la brûler sans la lire ?

Il l’approche d’un flambeau.
COSIMA, la lui arrachant et s’efforçant de sourire.

Pourquoi donc ? Cela peut me divertir dans un moment d’oisiveté. Il ne faut pas mépriser le moindre sujet de distraction, quand on s’ennuie.

Elle met la lettre dans sa poche.
NÉRI, après un moment de silence.

Vous vous ennuyez donc bien ?

COSIMA.

À la mort !

NÉRI, avec tristesse.

Que ne puis-je vous créer une existence enchantée ! Mais toute vie est triste, Cosima, toute âme est blessée ! Cependant, ordonnez-moi tout ce qu’il vous plaira. Vous le savez, pour contenter la moindre de vos fantaisies, je mettrais mon cœur sous vos pieds… Je puis me sacrifier moi-même…

COSIMA.

Vous sacrifier ! pourquoi donc ?

NÉRI.

Me sacrifier, oui ! Mais il est quelqu’un que je ne sacrifierais jamais, même à vous, Cosima !

COSIMA.

Vraiment ! Peut-on vous demander son nom ?

NÉRI.

C’est mon bienfaiteur, c’est l’homme qui m’a élevé, instruit, adopté en quelque sorte ; c’est celui que j’aime comme