Page:Sand - Cosima.djvu/39

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gistrats de mon pays ne peuvent ordonner rien que de juste, j’aime à le croire… Pourtant je ne vois rien dans ma conduite passée ou présente qui ait pu motiver… (Examinant le mandat.) Ce n’est point là l’appel du tribunal à un citoyen pour cause de renseignement… C’est l’ordre d’arrestation d’un accusé. (À Cosima, qui s’attache à son bras.) Ma chère femme, tranquillise-toi, l’innocence est une sauvegarde dont il serait impie de douter… Je reviendrai bientôt, sois-en sûre ! Dans tous les cas, je te laisse un protecteur et un ami. Il montre Néri, qui lui presse les mains avec effusion.

COSIMA.

Monsieur le barigel, laissez-moi suivre mon mari…

LE BARIGEL.

Madame, il m’est impossible de le permettre.

ALVISE.

Allons, soumettons-nous ! (il l’embrasse.) Pascalina, mon manteau !

NÉRI.

Mais, moi, ne puis-je vous accompagner du moins jusqu’au palais ?

ALVISE.

Reste auprès de ma femme, tranquillise-la. Tu ne pourrais m’être d’aucun secours. Ma bonne conscience et ma bonne renommée me viendront en aide.

MALAVOLTI.

Moi, je vous suis jusqu’au palais ; peut-être apprendrai-je de quoi il s’agit.

ALVISE.

À la bonne heure. (Bas, à Malavolti.) Mais, s’il s’agit de quelque fâcheuse affaire, pas un mot à ma femme, entendez-vous ?

FARGANACCIO.

Je vous accompagnerai aussi… Mon Dieu, mon Dieu ! comme les malheurs arrivent au moment où l’on y pense le moins !