Page:Sand - Cosima.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

miné Alvise à quitter Florence jusqu’à ce que les soupçons qui pèsent sur lui se fussent dissipés…

COSIMA.

Vous savez donc ce dont on l’accuse ?

LE CHANOINE.

Oui, et, quelque terreur qu’une semblable nouvelle puisse vous causer, mes amis, je veux vous la dire. Ce n’est point par la voix publique que vous devez l’apprendre. Cependant… Il regarde la porte qui est restée ouverte, Néri devine sa pensée et court la fermer.

COSIMA.

Je tremble !…

LE CHANOINE.

Un cadavre a été trouvé ce matin dans l’Arno…

COSIMA.

Ah ! oui… Nous le savons… Alvise nous en parlait un instant avant son arrestation.

LE CHANOINE.

En vérité ? Il vous en a parlé sans trouble ?

COSIMA.

Eh ! mais sans doute ! Pourquoi donc cette question ?

LE CHANOINE.

Vous devinez, Néri ; on accuse Alvise d’être le meurtrier !…

COSIMA.

Alvise !… Alvise accusé d’un meurtre !…

LE CHANOINE, lui prenant la main.

Ma fille, l’homme assassiné est le Vénitien Ordonio Éliséi !

Cosima tressaille, étouffe un cri, et s’appuie contre la table pour ne pas

tomber. Néri et le chanoine l’observent tous deux attentivement quoique

avec une expression différente.
NÉRI, après un instant de silence.

S’il en est ainsi, cet homme n’a point été assassiné. Alvise l’a bravement appelé au combat… Il aura succombé dans une lutte loyale, n’en doutez pas !