Page:Sand - Cosima.djvu/53

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ce cher M. Néri… et ce cher mort qui est ressuscité… Voilà !… les voilà !…

Cosima s’est élancée au-devant de son mari, qui entre avec Néri, Ordonio, le barigel, Malavolti et Farganaccio. Cosima se jette dans les bras d’Alvise, qui la tient longtemps embrassée. Gonelle reste au fond du théâtre.

ALVISE.

Dieu de bonté ! cet instant efface toutes mes peines. (Au chanoine. ) Vous ne m’attendiez pas si tôt, mon cher oncle ? Ils s’embrassent.

COSIMA.

Sauvé ! tout à fait sauvé ?…

LE BARIGEL.

Oui, madame ; à la première menace des tourments qu’on inflige aux accusés, le véritable assassin a tout confessé. Il a nommé ses complices, et le duc notre maître, en attendant l’arrêt qui doit absoudre Alvise, s’est porté lui-même caution pour votre mari, et l’a fait mettre en liberté.

COSIMA, regardant son mari.

Oh ! mon Dieu ! ces tourments, tu les as soufferts peut-être, Alvise !… Ta pâleur me les révèle, ô mon ami !

ALVISE, la serrant sur son cœur.

Je ne m’en souviens plus ! (Lui présentant Ordonio.) Voilà notre sauveur : un digne gentilhomme, un frère, Cosima, à qui je te prie de présenter ta main en signe d’amitié. Cosima hésite, Alvise insiste, Ordonio baise la main de Cosima d’un air contraint et respectueux, puis s’incline profondément.

FARGANACCIO, bas, à Malavolti.

Voyez donc Alvise qui présente ce galant à sa femme !

MALAVOLTI, de même.

Que voulez-vous ! on ne meurt pas deux fois. Il est tout simple qu’on tienne un peu à la vie !

ALVISE, à Pascalina qui pleure dans un coin.

Eh bien, toi, tu ne me dis rien ? Viens donc m’embrasser, ma pauvre fille !

Pascalina se jette à son cou en criant et en sanglotant.