Je vous aime mille fois plus, vous le savez.
Mille fois plus ! mais de la même manière ?
Je ne vous comprends pas.
Vous m’aimez d’amitié ! dites ! rien que d’amitié ?
Ordonio ! quel sens ont donc ces vaines distinctions devant Dieu qui lit au fond des cœurs ?
Eh bien, donc, vous m’aimez d’amour ? (Se laissant tomber doucement à ses genoux.) Oh ! tu m’aimes d’amour ! ne me le dis pas, puisque tu crains de prononcer ce mot terrible ! mais laisse-moi lire mon bonheur dans tes yeux… Ne détourne pas ton visage !…
Rentrons, mon ami. De telles émotions nous feraient oublier les promesses que nous avons faites à Dieu.
Un instant encore ainsi !… Est-ce donc trop demander après tant de souffrances et de sacrifices ?
Oui, c’est trop, c’est plus que nous ne devons.
Enfant ! qui donc tracera d’une main rigoureuse la limite où nos droits finissent et où nos devoirs commencent ? En quoi donc fais-tu consister ta vertu ? Un regard, un mot, un baiser… (il l’attire vers lui) peuvent-ils l’entacher, si le don de ton cœur l’a laissée pure ?
Oh ! laissez-moi, laissez-moi, vous dis-je ! Est-ce que je n’ai pas déjà assez de remords dans L’âme ? Est-ce que je n’ai pas trompé mon mari, mon oncle ? Est-ce que je ne sa-