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quive adroitement ; traverse toute la ville par une nuit noire, arrive chez lui, grimpe à son grenier et y dépose son Cobet sur un tas de foin. Il l’y garda six semaines, ne le voyant que la nuit, lui portant alors à manger et l’aidant à limer ses fers, opération qui fut très-longue et très-difficile, et lui prêchant le travail et la probité. Enfin, il réussit à le faire partir secrètement, et il eut la satisfaction d’apprendre plus tard qu’il avait tenu ses promesses, qu’il travaillait bien et ne péchait plus.

M. de Beaumont avait agi avec tant d’habileté et de mystère, qu’on ne sut jamais ce que Cobet était devenu et comment, à l’article de la mort et chargé de fers, il avait pu disparaître. On crut à un miracle, on crut à son innocence.

La Révolution arrivait, rapide et menaçante. On donna pour vicaire à l’abbé un M. Pomirau, qui donna ardemment dans les idées nouvelles. Un matin, comme il allait sortir de la sacristie après sa première messe, il voit arriver son vicaire coiffé du bonnet phrygien aux trois couleurs. L’abbé se sentait bien encore d’avoir été dragon. Il saisit sa canne, la pose sur les lèvres de Pomirau et lui dit :