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sait l’opinion politique, et tout royaliste un peu fier le repoussait comme une lâcheté. Donc l’abbé était au moment d’émigrer lorsqu’il reçoit une lettre de Paris et tombe comme foudroyé. C’était la nouvelle de la mort de ce père qu’il avait toujours aimé, malgré sa rigueur et son injustice. La lettre est trop curieuse pour qu’on ne nous permette pas de la transcrire.

« Notre j.-f… de père vient de mourir. Arrive dans les bras et sur le cœur de ton frère. Je voudrais te rendre aussi heureux que tu as été malheureux. Si tu ne te hâtes pas, tu me trouveras guillotiné. Souviens-toi que tu as promis à ma mère de me défendre. Je t’aime et je t’attends avec impatience. — Ton frère, de bouillon. »

Rien de plus net que l’égoïsme concis de ce malheureux infirme, abandonné, au milieu de la crise suprême, aux soins d’une valetaille prête à le trahir et à le livrer. Il ne sait rien de mieux à dire pour condamner le sort fait au bâtard que de traiter son père de j.-f…, — et c’est le bâtard qui pleure et respecte !